Raimu

Pseudonyme de Jules Muraire. Né en 1883 à Toulon (mort en 1946),

Acteur français dont la longue collaboration avec Marcel Pagnol fit l'un des comédiens de théâtre et de cinéma les plus populaires des années 1930.

Raimu, débuta sa carrière sous le pseudonyme de Rallum, au café-concert, dans les guinguettes toulonnaises du début du siècle, avant de monter à Paris, où il devint la vedette de nombreuses revues de music-hall et notamment du célèbre Concert parisien de Félix Mayol.

C'est un acteur de théâtre de boulevard avant tout. Pagnol lui offre le rôle de Panisse dans la pièce qu'il vient d'écrire. Raimu refuse, exige le rôle de César, et le 8 mars 1929, le public de la première fait un triomphe à l'acteur. Comme il le fera au film qui en est issu, Marius (1931), premier titre de la trilogie de Marcel Pagnol réalisé par Alexandre Korda. On vit Raimu, bien sûr, dans Fanny (Marc Allégret, 1932) et dans César (1936), dirigé par Marcel Pagnol lui-même, avec qui il joua encore dans la Femme du boulanger (1938) et dans la Fille du puisatier (1940). Sa présence, sa voix caverneuse et son sens comique font merveille à l'écran.

Il tourna beaucoup, capable du meilleur et du pire, prouvant ainsi l'étendue de son talent, tant sous la direction de Sacha Guitry (les Perles de la couronne, 1937), que de Julien Duvivier (Un carnet de bal, 1937), Jean Grémillon (l'Étrange Monsieur Victor, 1938), Georges Lacombe (Monsieur la Souris, 1942) ou d'Henri Decoin (les Inconnus dans la maison, d'après Georges Simenon, 1942 ; le Bienfaiteur, 1942). Il s'amusa à exploiter son personnage de Méridional tonitruant et tendre (qui n'allait pas sans un certain cabotinage) ou des personnages volontiers caricaturaux. Il pouvait être subtilement drôle comme dans Faisons un rêve (1916) de Sacha Guitry. Il se délecte des scènes où sa colère peut monter selon un crescendo bien maîtrisé, pour aboutir à un maelström tonitruant. Doté d'une présence exceptionnelle, Raimu sait aussi émouvoir, inquiéter ou attendrir. Comment oublier le monologue de La Femme du Boulanger, ou la silhouette inquiétante de L'Homme au Chapeau Rond. Acteur complet, il sait transmettre dans chacun de ses personnages toute la force et la précision de son immense talent. Il reste donc, malgré tout, l'un des acteurs de la tradition dialoguée du cinéma français auxquels la postérité a le mieux pardonné ses outrances, dans la caricature (Mamzelle Nitouche, de Marc Allégret, 1931 ou Tartarin de Tarascon, de Raymond Bernard, 1934) comme dans le drame (le Héros de la Marne, d'André Hugon, 1938 ; le Colonel Chabert, de René Le Hénaff, 1943). Il est entré à la Comédie-Française en 1944, il y interpréta un mémorable monsieur Jourdain dans le Bourgeois gentilhomme (1944) et un formidable Argan dans le Malade imaginaire (1944).

En somme, pour résumer, bien inspiré, Raimu grimpe au firmament ; mal conseillé, on l'a vu éructant et pataugeant dans des comédies polissonnes dont il charge les structures vermoulues. Alors, il s'ébroue comme un phoque, se dandine, ne pense qu'à écraser ses partenaires. Mais qu'il redevienne bonasse, doucereux, avec un éclair vindicatif dans la prunelle, lorqu'il pratique la demi-teinte, le mezzo-voce comme on dit, le faux calme avant la tempête, il devient prodigieux :on crie au grand art et le porte au pinacle.

Une anecdote, lorsqu'il arriva à Paris en 1946, Orson Welles demande à rencontrer celui qu'il considère comme le plus grand acteur du monde. La rencontre n'aura pas lieu. Raimu est mort quelques jours plus tôt.

Davyd - écrivain public

 

contact