Pierre Fresnay

Pseudonyme de Pierre Jules Laudenbach à Paris, en 1897 (m.en 1975)

Pierre Fresnay a tout joué : les nobles à monocle et les officiers purs et durs, les détectives nonchalants et les mauvais garçons, les Marseillais et les Bretons, les amnésiques et les hallucinés, Offenbach et Monsieur Vincent. Inévitable et incontournable, à peine condescendant, sûr de ses moyens. Assimilable à cette qualité française, léchée et savonnée, qui finit par périr d'un excès de respectabilité.

Si Pierre Fresnay fait ses débuts du cinéma en 1915, jusqu'aux années 30, c'est surtout comme acteur de théâtre, à la Comédie Française et ailleurs, qu'il doit l'essentiel de sa renommée. Encouragé par son oncle, l'acteur Claude Garry, il fait ses débuts au théâtre en 1911 avec Réjane. Admis au Conservatoire en 1914, il entre l'année suivante à la Comédie-Française. Il y interprète Molière, Marivaux, Musset et des pièces contemporaines comme Chevalier de Colomb de F. Porché, qui lui vaut en 1924 d'être nommé sociétaire. Opposé à une réforme relative au mode de recrutement, il quitte avec éclat le Théâtre-Français en 1927 - il y aura joué plus d'une soixantaine de rôles - et entame une nouvelle carrière dans le théâtre de boulevard. Il crée des pièces de Sacha Guitry, Puget et Steve Passeur, et triomphe en 1931 dans Marius de Marcel Pagnol au théâtre Michel.

Dès 1915, il apparaît dans des films muets comme France d'abord (Henri Pouctal, 1915), les Mystères de Paris (Charles Burguet, 1922) et Rocambole (Charles Maudru, 1924). Il obtient son premier grand rôle grâce à Marcel Pagnol qui l'engage pour jouer Marius dans les trois adaptations de l'uvre de Marcel Pagnol (Marius, 1931 ; Fanny, 1932 ; César, 1936), où il connaît un très grand succès. Rapidement il tourne avec des réalisateurs prestigieux comme Abel Gance (La Dame Aux Camélias), Marcel L' Herbier (Adrienne Lecouvreur) et Alfred Hitchcock dans la première version de L'Homme qui en Savait Trop (ce rôle sera repris, quelques années plus tard par Daniel Gélin dans la seconde version du film), Pabst (Mademoiselle docteur, 1937) et Renoir (la Grande Illusion, 1937). Le couple Printemps-Fresnay apparaît à de nombreuses reprises à l'écran et triomphe dans l'adaptation de l'opérette d'Oscar Straus, Trois Valses (L. Berger, 1939). Elégant, d'une disctinction distante, la parole brève mais le soupir frémissant, il atteint l'émotion la plus discrète lorsque Boëldieu meurt dans la forteresse de la Grande Illusion. Il sera Jean de Bloieldieux, l'officier aristocrate dans La Grande Illusion de Jean Renoir. Il signe là une de ses meilleures interprétations.

Sous l'occupation, Pierre Fresnay donne quelques-unes de ses meilleures compositions (le Dernier des six (1941)) marquant aussi de sa personnalité les deux premiers films d'Henri George Clouzot, L'Assassin habite au 21 et Le Corbeau, où il incarne un docteur pris dans le tourbillon de haine et suspicion suscitées par des lettres anonymes. Dans Monsieur Vincent, il campe également un admirable saint Vincent de Paul. À la Libération, il tourne avec Marcel Achard, Maurice Cloche, Henri Decoin et Jean Delannoy. À partir des années cinquante, il apparaît dans des productions de qualité médiocre et son jeu devient quelque peu artificiel. Il choisit alors de se consacrer uniquement au théâtre où il excellera notamment dans le rôle du Neveu de Rameau, d'après Diderot.

Parallèlement au cinéma Pierre Fresnay poursuit une grande carrière théâtrale avec Yvonne Printemps, sa troisième épouse épousée en 1932. Ils jouent ensemble dans de nombreux spectacles et remportent un triomphe avec Trois Valses (1937) au théâtre des Bouffes-Parisiens. Pierre Fresnay renonce aux grands rôles du répertoire classique pour se consacrer aux auteurs contemporains. Au théâtre de la Michodière, il met en scène et joue Léocadia et le Voyageur sans bagages d'Anouilh (en 1940 et 1944), Père et Vient de paraître d'Édouard Bourdet (en 1942 et 1944). Marcel Achard, André Roussin et, dans les années soixante, Paul Valéry (Mon Faust, 1962 ; l'Idée fixe, 1966) figurent également à son répertoire.

Avec la disparition de tous les grands réalisateurs qui on constitué la grand tradition du cinéma française, Pierre Fresnay ne retrouva ne retrouva guère de rôles à la mesure de son immense talent.

Autres Films

1915 France d'Abord
1922 Le Diamant Noir
1928 La Vierge Folle
1931 Marius
1934 La Dame Aux Camélias
1935 L'homme qui en savait trop
1936 César ; Mademoiselle Docteur
1937 La Grande Illusion
1939 La Charette Fantôme
1941 Le Dernier des Six
1942 L'assassin Habite au 21 ; La Main du Diable
1943 Le Corbeau
1944 Le Voyageur sans Bagage
1947 Monsieur Vincent
1949 La Valse de Paris
1950 Dieu a Besoin des Hommes
1951 Un Grand Patron
1952 Il est Minuit Docteur Schweitzer
1953 Le Défroqué ; La Route de Napoléon
1955 Les Aristocrates
1956 L'homme aux Clés d'or
1959 Les Affreux
1960 Les Vieux de la Vieille

Merci à Davyd pour ce texte.
Il est aujourd'hui artiste de cabaret sous le nom de Misssugar

 

 

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