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Mary Marquet

Vrai nom : Micheline Marie Marguerite Delphine MARQUET


Née le 14 avril 1894 à Saint-Petersbourg (Russie)
Décédée le 29 août 1979 à Paris 18e (75)
Inhumée à Paris 18e (Cimetière Montmartre 23e division).

Mary Marquet est née dans une famille d'artistes. Ses parents sont comédiens, sa tante Louise est danseuse étoile à l'Opéra de Paris et sa tante Delphine appartient à la Comédie-Française. C'est en Russie, lors d'une tournée de son père, Marcel Marquet, que Mary voit le jour. Dès son plus jeune âge, sa voie semble tracée, la grande Sarah Bernhardt, toute-puissante à l'époque, la chaperonne. Admise au conservatoire dans la classe de Paul Mounet, Mary a cependant un grave handicap, elle mesure 1,81m. Ce n'est pourtant pas là, la raison de son échec aux examens de sortie. Mais avec Sarah Bernhardt dans les amis de la famille, rien n'est perdu. Elle est aussitôt engagée dans la troupe de la grande tragédienne.

La vie amoureuse de Mary Marquet est aussi riche que sa carrière. Elle perd sa virginité en 1915 dans les bras d'Edmond Rostand. Il fut son premier amour, elle fut son dernier, ils vivront trois ans de passion avant qu'Edmond ne meure presque dans ses bras.

Après la première guerre, elle entre à la Comédie-Française où elle restera plus de vingt ans. Dans le même temps, elle épouse Maurice Escande, futur administrateur de l'illustre maison de Molière. Ce mariage blanc est de courte durée, Maurice retourne à ses amis, et Mary rencontre Firmin Gémier. C'est une nouvelle passion, mais difficile, puisque le directeur du tout nouveau TNP est marié. En 1922, Mary donne le jour à un fils, François. Gémier est le plus heureux des pères, son épouse, la comédienne Andrée Mégard n'ayant jamais pu lui donner d'enfant.

Si la carrière théâtrale de Mary Marquet est des plus riches, nous ne gardons son souvenir, que grâce au cinéma. Elle y débute dès le muet par un film resté inachevé, "Les Frères ennemis" en 1914. Son premier grand rôle, elle le tient dans une réalisation de Léonce Perret, "Sapho", en 1932. Elle peut alors y faire entendre sa voix profonde.

Sur ses films qui arrivent encore jusqu'à nous, on peut retenir "Landru" (1962) de Claude Chabrol, où elle incarne l'une des épouses trucidées par le méchant barbu (Charles Denner), son passage court mais efficace dans "La Grande vadrouille" (1966) de Gérard Oury où elle campe une mère-supérieure plus vraie que nature, et puis à son palmarès, il faut citer encore le "Casanova" (1975) de Fellini, elle est alors une vieille dame monumentale très inspirante pour le réalisateur italien.

Après la mort de Gémier en 1933, Mary Marquet se marie avec Victor Francen, mais le volage séducteur du cinéma passe vite à d'autres bras. Mary devient alors la maîtresse quasi officielle du président du conseil, André Tardieu. Elle vit alors dans l'ombre du personnage politique le plus puissant de France.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle vit les plus cruelles heures de sa vie. En 1943, son fils, François est arrêté et déporté pour faits de résistance. Atteint d'une septicémie foudroyante, il meurt à 21 ans au camp de concentration de Buchenwald. Comble du destin, quelques mois plus tard, Mary est elle aussi arrêtée, mais nous sommes alors à la libération, et elle est envoyée à Drancy à cause de prétendues relations avec l'ennemi... Au bout d'interminables et injustes jours, elle est évidemment relâchée, sans suite.

Dans les années 50, elle se tourne vers le récital poétique, elle y remporte de grands succès, puis elle entame une carrière dans les cabarets branchés de l'époque. Elle tourne aussi pour la télévision : quelques Maigret, "Cinq dernières minutes", "Les saintes chéries" ou encore "Lucien Leuwen".

Cette infatigable géante passe ses dernières années à jouer à la marchande dans sa boutique d'antiquités, ou encore à écrire des best-sellers. On doit à sa plume plusieurs volumes de croustillants mémoires. On ne la voit plus sans sa perruque blanche à la Jean Harlow ou ses volumineux chapeaux de Jean Bartet. Quelquefois, elle est accompagnée par son dernier compagnon, le modeste comédien Marcel Journet, ou alors par son petit toutou.

Mary Marquet s'éteint dans son appartement du 10 square Carpeaux, solitaire, elle a 85 ans. 
Le destin lui réserve tout de même encore une dernière aventure, alors qu'elle repose de son dernier sommeil sur son lit, son appartement est cambriolé...

Quelques jours plus tard, comme elle l'a demandé, c'est l'ancien comédien devenu prêtre, Georges Galli, qui célèbre ses obsèques. Il n'y a pas grand monde pour ce dernier acte. Mary va ensuite rejoindre le tombeau des Marquet au Cimetière Montmartre suivie par quelques amis, rares, mais de qualité, puisque la princesse Grace de Monaco l'accompagne jusqu'au bout...

Texte et photo proposés par Joël.

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