Jean Marais

Pseudonyme de Jean-Alfred Marais-Villain, Né le 11 Décembre 1913 à Cherbourg, décédé en 1998

Son nom restera à jamais lié à celui de Jean Cocteau et à une certaine idée de la beauté et de la bravoure à la française. En toute élégance il s'était retiré à Vallauris pour y jouer en secret sa dernière scène.

Mais avant d'entrer dans la légende en incarnant Tristan dans L'Éternel Retour, Jean Marais devra franchir bien des obstacles et se montrer courageux face à l'incompréhension des professionnels. Comme l'a dit Jean Cocteau : "Beaucoup de nos jeunes s'imaginent qu'on saute à pieds joints dans la gloire. Aucune route n'a été plus lente et plus raboteuse que celle de Jean Marais."

Fils de vétérinaire, tour à tour assistant photographe, caddie de golf ou encore marchand de journaux, il finit par pousser la porte du cours Charles Dullin, où il acquiert les bases de son métier d'acteur. Refusé au Conservatoire, il doit se cantonner, pendant quatre ans, aussi bien au théâtre qu'au cinéma, dans des seconds rôles, à telle enseigne que, malgré plusieurs films à actif, il n'est pas encore sorti de l'anonymat. Tout bascule en 1937 lorsqu'il rencontre Jean Cocteau. "Une catastrophe est arrivée. Je suis amoureux de vous" lui déclare le poète ; dès lors rien ne pourra les séparer. Cette rencontre avec Jean Cocteau sera déterminante pour la carrière de Jean Marais. Le poète, romancier et dramaturge lui ouvrira en effet cette voie royale que n'osent rêver tant de jeunes talents, une voie tout d'abord théâtrale, jalonnée de titres étincelants, tels que Les Parents Terribles, Les Chevaliers de la Table Ronde. Pourtant le cinéma tarde encore à s'intéresser à lui. Malgré tous les atouts du jeune premier romantique, l'acteur tâtonne. Son jeu d'acteur est très moyen et il est handicapé par une voix trop haute et mal perché. Il accédera enfin à la célébrité avec L'Éternel Retour, écrit sur mesure par Cocteau qui va utiliser les défauts du comédien pour les magnifier. Filmé par Delannoy, il incarne un superbe Tristan aux traits d'une pureté toute nordique qui, d'emblée, conquiert le public féminin et inspire le sculpteur allemand  Arno Breker. C'est un film mythique auquel s'est identifié toute une génération.  Jean Marais l'a compris on lui demande d'être lui même

Après la Libération de Paris, Jean Marais refuse de poursuivre sa carrière de comédien alors que la guerre se  poursuit à l'est. Il a déjà eu une première expérience de soldat, au début du conflit, dans la Somme. Durant l'Occupation, la presse collaborationniste s'est acharnée contre lui avec une telle virulence que la BBC lançait parfois : "Courage Jean Marais, nous arrivons !" Engagé dans la division Leclerc, il fait la campagne d'Alsace. Il parlait toujours de son expérience de soldat avec modestie et humour. Mais son courage sur le front a valu la Croix de Guerre au plus téméraire des comédiens français

A partir de 1946, Jean Cocteau lui confiera les plus beaux rôles romantiques : La triple création du jeune Avenant, du Prince Charmant et de la Bête, terrifiante et pitoyable, qui se meurt d'un amour impossible dans La Belle et la Bête ; Ruy Blas dans le film réalisé par Pierre Billon ; puis la reprise à l'écran des grands succès de la scène, L'Aigle à 2 Têtes, Orphée et Les Parents Terribles, qui permettent à Jean Marais de reparcourir les chemin d'une mythologie qui lui est familière. Déconcertant véritablement la critique, Jean Marais n'était peut-être pas encore un grand comédien, mais il était tellement consubstantiel à l'univers poétique et cinématographique de Cocteau qu'il était impossible de le juger selon les critères habituels. Son mérite est d'avoir fut indéniablement de réussir à s'imposer dans d'autres films que ceux de son mentor et ami. Avec Cocteau, il a tout appris : A se tenir droit et à ne plus tricher, mais aussi à mentir intelligemment et à s'y reconnaître entre les vices et les vertus des poètes.

 On le vit  jouer avec bonheur dans Elena et les Hommes, sous la direction de Jean Renoir, et dans Nuits Blanches, sous celle de Visconti. Mais Jean Marais était loin d'avoir révélé toutes ses possibilités. Il le fit dès la fin des années 50, en opérant une surprenante reconversion : Il devint un comédien très populaire dans les années 60, où il mit ses dons athlétiques au service de toute une série de films qui n'avaient d'autre prétention que de distraire, et que l'on revoit toujours avec plaisir, il devint en effet, la vedette d'un nombre impressionnant de films d'aventures ou de cape et d'épée, qu'il interprétait avec un entrain sympathique, ne reculant devant aucune "cascade". Du Bossu au Capitan et des Mystères de Paris à Fantômas, le Jean Marais nouveau à immédiatement conquis le public populaire, et il tenta même une incursion, moins heureuse d'ailleurs, dans le péplum, avec L'enlèvement des Sabines et Ponce Pilate. .

L'âge venant, il s'est fait plus rare à l'écran, préférant se retirer en Provence. On le revit néanmoins dans Peau-d'Âne de Jacques Demy,  il a également offert de belles prestations à de jeunes cinéastes comme Willy Rameau (Lien de parenté, 1986) ou Jérôme Foulon (les Enfants du naufrageur, 1992), sans toutefois négliger ses premières amours, le théâtre : Pour rendre un nouvel hommage à Jean Cocteau, à l'occasion du 20e anniversaire de sa mort il monta sur la scène du théâtre de l'Atelier en 1983, puis, la Maison du lac d'Eric Thompson en 1986, où il retrouve sa partenaire de l'Aigle à deux têtes, Edwige Feuillère, il joue en 1997 dans l'Arlésienne d'Alphonse Daudet aux Folies-Bergère, on peut citer également Les Monstres Sacrés (de Cocteau encore) avec Michèle Morgan en  1993.  Pour ses 80 ans tout Paris était venu rendre hommage à une "légende" du siècle. Acteur chaleureux, mais également sculpteur et potier, car comme un roi en exil, il était devenu potier à Vallauris, Jean Marais a toujours fait preuve d'une joie de vivre et d'une vitalité débordantes. C'est parce qu'elle venait du cur que sa beauté n'a jamais vieilli.

FILMOGRAPHIE

1941 Le Pavillon Brûle ; Le Lit à Colonne
1942 Carmen (Carmen, It.)
1943 L'Éternel Retour ; Voyage sans Espoir
1945 La Belle et la Bête
1946 Les Chouans
1947 Ruy Blas ; L'Aigle à 2 Têtes
1948 Les Parents Terribles
1949 Orphée
1950 Le Château de Verre
1951 Nez-de-Cuir
1953 Le Guérisseur ; Le Comte de Monte-Christo
1954 Futurs Vedettes
1955 Elena et les Hommes
1956 Typhon sur Nagasaki
1957 Le notti Bianche (Nuits Blanches, It.)
1959 Le Testament d'Orphée ; Le Bossu
1960 Le Capitan ; La Princesse de Clèves
1961 Le Miracle des Loups ; L'enlèvement des Sabines (F.-It.), Ponzio Pilato (Ponce Pilate, It.)
1962 Les Mystères de Paris
1964 Fantômas
1970 Peau-d'Âne
1996 Beauté Volée

Une biographie composée par Davyd - écrivain public

 

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