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( e x t r a i t ) « Le Petit Monde de don Camillo se cache quelque part dans la vallée du Pô. Il est n'importe lequel des villages enfermés dans cette bande de terre du Nord de l'Italie. Là, entre le Pô et les Apennins, le climat est toujours le même ; le paysage non plus ne change pas et chacune des fermes assises dans le maïs ou le chanvre a son histoire. Pourquoi ce préambulance ? Parce que je voudrais vous faire comprendre que dans ce Petit Monde, entre le fleuve et la montagne, il se passe beaucoup de choses qui ne se passent nulle part ailleurs. Là, la respiration éternelle et profonde du fleuve rafraîchit l'air pour les vivants et pour les morts tout à la fois ; et là, même les chiens ont une âme. N'oubliez pas cela et vous pénètrerez aisément le caractère de don Camillo, le curé du village, et de son adversaire, le maire communiste Peppone. Vous ne serez pas surpris que le Christ surveille les faits et gestes de ces gens du haut de la Croix, qu'il leur adresse la parole, qu'un homme cogne sur le crâne d'un autre, sportivement - je veux dire sans haine - et qu'à la fin les deux ennemis se trouvent d'accord sur l'essentiel. Encore un mot d'explication avant de commencer mon histoire : s'il y a quelque part un prêtre qui se sente offensé par le personnage de don Camillo, je lui permets de venir me casser son plus gros candélabre sur la tête ; s'il y a quelque part un communiste qui se sente offensé par le personnage de Peppone, je lui permets de venir me casser un marteau et une faucille sur le dos ; mais si quelqu'un se sent offensé par les paroles du Christ, je n'y peux rien parce que ce n'est pas le Christ qui parle, mais mon Christ, c'est-à-dire la voix de ma conscience. (...) »
Giovani Guareschi |