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Arletty

Pseudonyme de Léonie Bathiat, née à Courbevoie en 1898, décédée en 1992

Arletty c'est une voix qui a symbolisé l'âge d'or du cinéma français. C'est à dire le Paris de l'avant-guerre.

Arletty, en effet, est un pur produit de Paris, et même d'un Paris très précis : celui de 1910-1920, qui perpétue la Belle Époque jusqu'à la fin des années folles, un certain Paris en qui se rejoignaient deux traditions distinctes pour n'en faire qu'une, le Théâtre et le Boulevard, les italiens et Tortoni. Tel est l'univers où se forme et s'épanouit la personnalité d'Arletty. Car toujours elle se voudra femme de théâtre. Quand au cinéma, ce sera pour "argent de poche", pour "payer ses impôts". Elle n'y croira jamais tout à fait, faisant seulement des exceptions pour Prévert et Carné. C'est d'ailleurs bien malgré elle, et bien grâce à eux qu'elle deviendra une star. Car ce fut une star, une des rares du cinéma français.

 

Elle est donc l'une des plus fortes personnalités du cinéma français. Née à Courbevoie d'une mère lingère et d'un père conducteur de tramways, elle est dactylo en 1917, mannequin en 1918 et débute au théâtre en 1920 dans des revues comiques. Quand elle débute au cinéma, Arletty a déjà trente-deux ans. Il lui faudra attendre neuf films et sa rencontre avec Jacques Feyder en 1934, lors du tournage de Pension Mimosas, pour s'inventer une photogénie. Après Désiré de Guitry, Arletty explose enfin en 1938 avec Hôtel du Nord et cette fameuse réplique (Atmosphère, atmosphère...)dont elle gratifie Jouvet, puis avec Le Jour se Lève et Circonstances  Atténuantes. Sa gouaille, son humour et sa sensualité s'y donnent libre cours. . Elle va imposer son personnage de femme libre et forte, toujours prête à vivre le grand amour, pourvu qu'il soit charnel quarante avance, elle libère la femme ! Les spectateurs populaires des grands boulevard se reconnaissent dans cette gouailleuse à l'allure désinvolte et pourtant si sensuelle. Quand Arletty enlève ses bas, le public retient son souffle...

Henri Jeanson écrivait à propos de la plus célèbre des Parisiennes, "Arletty, c'est rigolo, ça cligne de l'il, ça part grave et ça finit en pirouette." Pour Jacques Prévert, "Arletty n'est pas charmante, Arletty c'est le charme ; Arletty n'est pas drôle, c'est l'humour ! C'est la beauté, la grâce, et la lucidité !."

Son âge d'or, se sont les années noires d'occupation où elle se laisse aller  à quelques "collaborations horizontales": Madame Sans-Gêne, et ses deux vrais titres de gloire, Les Visiteurs du Soir et Les Enfants du Paradis, deux rôles sur mesure écrit par Prévert, deux oeuvres accomplies de Carné : Grâce à Garance et Dominique, elle est entrée dans l'immortalité cinématographique. Sa présence sur l'écran touche alors à la grâce. Romantique ou diabolique, Arletty donne à ses personnages une profondeur telle que l'on peur revoir ses films sans relâche, en y découvrant toujours une nuance nouvelle. Sa carrière sera en partie brisée à la Libération où elle est accusée de rapports avec un Allemand [elle aurait répondu : "mon cur est français mais mon cul est international"]. Elle échappe à la tonsure, mais écope d'une mois et demi d'isolement et de dix-huit mois de résidence surveillée au château de La Houssaye, en Seine-et-Marne. Heureusement ses amis -Prévert, Carné, René Bolloré et la petite Marianne -une adolescente qu'elle a prise en affection- sont là. Pour elle se ne sont que des tracasseries mesquines. Privée d'emploi, en effet, après la guerre, elle ne reviendra au cinéma qu'en 1949 et devra se contenter de petits rôles ; mais le charme était rompu. Le théâtre lui est plus favorable : "Un Tramway nommé désir" de T. Williams, "Les Compagnons de la Marjolaine" d'Achard, "L'étouffe-chrétien" de Marceau, "Les monstres sacrés" de Cocteau. Menacée de cécité, elle cesse toute activité vers 1963. En 1966 elle se réveille presque aveugle. Arletty ne craignait rien sauf la douleur physique. Dès lors elle attendra la mort, calmement dans son trois pièce de la rue Rémusat où elle continuait à recevoir ses amis et ses admirateurs toujours plus nombreux. Sa porte était ouverte, son numéro de téléphone listé dans l'annuaire. Le 23 juillet 1992 elle sombre dans le coma, puis s'éteint, apaisée à 94 ans.

Elle a laissé de forts intéressants souvenirs sous le titre de "La défense". Quelques bons mots la résument : "Le théâtre a été mon luxe, le cinéma mon argent de poche", et, sur 1944, "Gaulliste ? Non, gauloise."

Elle aurait dû être notre Garbo ou notre Marlène Dietrich ; une épuration imbécile la condamna. Mais elle demeure notre plus grande actrice parce que, dit Jeanson : "Comme Colette, elle a inventé son style et qu'elle s'est trouvée sans se chercher".

 

FILMOGRAPHIE

UN CHIEN QUI RAPPORTE (1931).
UN SOIR DE REVEILLON (1933).
LA GUERRE DES VALSES(1933).
MADEMOISELLE JOSETTE, MA FEMME(1933).
PENSION MIMOSAS (1935).
AMANTS ET VOLEURS (1935).
MESSIEURS LES RONDS DE CUIR (1936).
LA GARÇONNE (1936).
LE MARI RÊVE (1936).
FAISONS UN RÊVE (1936).
AVENTURE A PARIS (1936).
LES PERLES DE LA COURONNE  (1937).
DÉSIRE (1937).
ALOHA, LE CHANT DES ILES (1937).
LE PETIT CHOSE (1938).
HÔTEL DU NORD (1938).
LA CHALEUR DU SEIN (1938).
TEMPÊTE (1939).
LE JOUR SE LÈVE (1939).
FRIC-FRAC (1939).
CIRCONSTANCES ATTÉNUANTES, de Jean Boyer (1939).
MADAME SANS-GÊNE, de Roger Richebé (1941).
BOLERO, de Jean Boyer (1941).
LES VISITEURS DU SOIR (1942).
LA FEMME QUE J'AI LE PLUS AIMÉE (1942).
L'AMANT DE BORNEO (1942).
LES ENFANTS DU PARADIS (1945).
PORTRAIT D'UN ASSASSIN (1949).
GIBIER DE POTENCE (1951).
LE PÈRE DE MADEMOISELLE (1953).
HUIS-CLOS (1954).
L'AIR DE PARIS (1954).
MON CURE CHEZ LES RICHES (1956).
MAXIME (1958).
LA GAMBERGE (1961).
LE VOYAGE A BIARRITZ (1962).
LA LOI DES HOMMES (1962).
LE JOUR LE PLUS LONG (1962).

Davyd - Sugar Kane

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